Amb aquest aire de metec,
jueu errant, pastor grec,
i els meus cabells als quatre vents,
i aquest mirar tan indecís,
ara amargant, ara endolcit,
de dies bons i de mal temps,
potser faig pinta d'haver estat
lladre de fruites i de blats,
de camps que acaricia el sol,
però és que m'hi ajec i hi faig l'amor
com hi he jugat i m'hi he perdut,
sense mai perdre-m'hi del tot.
Amb aquest aire de metec,
jueu errant, pastor grec,
i els meus cabells als quatre vents,
vinc a trobar-te i a sentir
com és d'immens aquest camí
que encara tornaria a fer;
camí de totes les olors
del gessamí dels meus records
d'Alexandria i d'Istanbul;
i com voldria perdre-m'hi
i enamorar-m'hi com ahir
ans que se m'acluquin els ulls.
Avec ma gueule de métèque,
de juif errant, de pâtre grec,
et mes cheveux aux quatre vents,
avec mes yeux tout délavés,
qui me donnent un air de rêver,
moi qui ne rêve plus souvent,
avec mes mains de maraudeur
de musicien et de rôdeur,
qui ont pillé tant de jardins,
avec ma bouche qui a bu
qui a embrassé et mordu,
sans jamais assouvir sa faim.
Avec ma gueule de métèque
de juif errant, de pâtre grec
de voleur et de vagabond,
avec ma peau qui s'est frottée
au soleil de tous les étés
et tout ce qui portait jupon,
avec mon cœur qui a su faire
souffrir autant qu'il a souffert
sans pour cela faire d'histoires,
avec mon âme qui n'a plus
la moindre chance de salut
pour éviter le purgatoire.
Avec ma gueule de métèque,
de juif errant, de pâtre grec
et mes cheveux aux quatre vents,
je viendrai ma douce captive
mon âme sœur, ma source vive,
je viendrai boire tes vingt ans,
et je serai prince de sang
rêveur ou bien adolescent
comme il te plaira de choisir,
et nous ferons de chaque jour
toute une éternité d'amour
que nous vivrons à en mourir.
Et nous ferons de chaque jour
toute une éternité d'amour
que nous vivrons à en mourir.